Territorial dream

Publié le par Fred

Un célèbre bimensuel spécialisé m'a récemment contacté afin de m'exprimer sur la prochaine présidentielle. La commande était simple : une adresse aux candidats, mais une liberté de ton. 

Vous trouverez ci-dessous ce texte. 

 

J’ai fait un rêve

 

Un rêve où les dirigeants de notre pays, à l’heure d’envisager une énième réforme ou un acte III de la Décentralisation, sauront dépasser dogmatisme des deux bords, diatribe anti-fonctionnaires et anti-collectivités d’une part, glorification ad nauseam du fait local, d’autre part, le rêve qu’un contrat de confiance succède à une trop longue période de défiance réciproque

 

Un rêve où une telle réforme s’appuierait sur les véritables acteurs de l’action locale, cadres dirigeants des collectivités, conseillers municipaux et communautaires, maires de communes rurales, périurbaines ou de banlieue, et pas seulement sur quelques grands barons, quelques groupes de pression avides de défendres leurs privilèges ou leur clientèle.

 

Le rêve d’une réforme qui proposerait enfin des solutions différentes selon les territoires, qu’ils soient urbains ou ruraux, riches ou en déshérence, mais tiennent également compte de l’Histoire des territoires, de ce que certains nomment les « sentiers de dépendance » ; jusqu’à ce jour, toutes les réformes étaient jacobines, même les plus décentralisatrices…

 

Le rêve d’une gestion locale débarrassée de toute scorie : débat dépassé sur l’autonomie fiscale des collectivités, désormais un leurre, « grand soir « de la réforme fiscale, mur des lamentations sur les marges de manœuvre perdus, mais une gestion innovante, moderne, qui dépasse les effets de mode et les mimétismes, une troisième voie entre « doxa «  de la rigueur et apologie de la gabegie.

 

Le rêve d’une refondation de l’évaluation des actions des collectivités, bien loin des ratios financiers à la « Standard et Poors », avec des outils d’analyse tenant compte, par exemple, des investissements immatériels, des dépenses créatrices de valeur et celles qui ne le sont pas ; le rêve de nouvelles coopérations, informelles, protéiformes, à géométrie variable

 

Le rêve d’un aménagement de territoire qui s’attacherait en priorité au fait périurbain, fraction du pays où résident désormais une bonne partie de ces oubliés de la République, majorité silencieuse et désabusée, et qui en viennent parfois aux solutions extrêmes, partagés qu’ils sont entre leur lieu de résidence qu’ils rejoignent tard le soir et leur lieu de travail ; ces territoires en pleine recomposition, où la réduction de l’usage de la voiture n’est qu’une hypothèse pour citadins, où l’augmentation du prix du carburant suffit à déstabiliser un budget, où se juxtaposent en un coktail parfois détonant vieilles familles et nouveaux venus, communauté villageoise et lotissements déshumanisés

 

Le rêve d’un pays, enfin, où « Liberté, Egalité, Fraternité » ne sont pas que de vains mots inscrits au fronton des mairies, mais bien les valeurs qui doivent irriguer l’action publique, et qui pourrait être complété par un autre triptyque « Responsabilité, Ethique, Transparence ». " 

 

Publié dans Professionnel

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