La mort de Cendrillon

« Je n’allais quand même pas me laisser passer devant sans rien faire !

 

Des mois, des années que je m’escrime à grimper les échelons, à subir les pires humiliations : les parents qui vous houspillent parce que cela ne va pas assez vite, les enfants qui en profitent pour vous filer un coup de pied, tous ces bien-pensants qui répugnent à venir dans le parc parce que c’est n’est pas politiquement correct et les conditions de travail y sont soi-disant  détestables mais qui sont les premiers à vous injurier, tous ces lecteurs de Florence Aubenas révoltés par le travail des précaires et des techniciens de surface mais qui passent à côté de vous sans vous voir, en urinant à côté et en jetant les papiers gras en dehors des poubelles.

 

J’ai tout connu ici : le nettoyage des sanitaires, les missions de serveuse des dans les « Buffalo Bill café », entre odeurs de graisse et mains aux fesses, puis ; première escale vers l’ascension, un remplacement dans une boutique de souvenirs.

 

Ce fut alors le début d’une progression rapide : Tic, Tac puis Picsou, où sous les chaleurs des fausses plumes du volatile, j’ai connu mes premiers malaises et ma première visite à l’infirmerie.

 

J’eus alors droit à une rééducation de deux mois comme préposée à l’accueil du stand des poupées, c’est dire si la musique, je la connais par cœur), puis de nouveau un volatile, Daisy cette fois, avant d’atteindre le but ultime, le sommet de ma carrière : participer à la grande parade sous les oripeaux de Dingo !

 

Dingo, le favori des papas et des grands-parents, l’abruti bonasse, l’innocent aux mains pleines ; bref, le rôle de ma vie !

 

Alors, quand j’ai appris que cette péronnelle, cette Cendrillon des faubourgs voulait me faire évincer du défilé final, forcément, j’ai vu rouge !

 

Tout cela, parce qu’elle a l’oreille (et pas seulement l’oreille si vous voyez ce que je veux dire) du responsable des joyeux membres !!!

 

Bien sûr, je n’ai ni ses appâts, ni ses arguments !

 

Si j’osais, je raconterais à tout le monde, et surtout à son fiancé, ce qu’elle faisait avec Grincheux et Simplet, l’autre soir, dans les coulisses ….

 

Mais maintenant, c’est fini, elle ne viendra plus m’embêter, la princesse.

 

 

Extrait du quotidien régional « L’écho de Seine et Marne »

 

 

«  C’est à une curieuse affaire que la brigade de Gendarmerie de B… va avoir à résoudre.

 

En effet, il a été retrouvé dans les bois avoisinant le parc de loisirs bien connu, le corps d’une jeune femme portant le costume de la fameuse princesse « Cendrillon » .

La victime portait trace de plusieurs coups, certainement donnés avec un instrument contondant, ainsi que différentes blessures à l’arme blanche …

Au vu de la diversité des coups et de leur position, la gendarmerie n’exclut pas la thèse de plusieurs auteurs . «  ……

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :