Beauté classique

Publié le par Fred

Racine, Bajazet, Andromaque, tout cela fleure bon les cours de Français en quatrième et les petits classiques "Larousse"  un peu poussiéreux que l'on retrouve dans les greniers ou dans les malles....

Pour ma part, c'est grâce au "Gout des Autres", à travers la scène où le pignouf inculte interprété par Jean-Pierre Bacri tombe sous le charme de "Bérénice " et de son interprète . 

Je ne me souvenais plus alors de la musicalité des vers de Racine, des Alexandrins et de leur scansion, des hémistiches et des allitérations ...

Ce souvenir cinématographique, ainsi que  la lecture des "Colombes du Roi Soleil", (extraites de la bibliothèque saloméennes ) m'ont donné envie de me replonger dans les tragédies raciniennes.

Mélange d'amour et de mort, de passion et de raison, enrichie par la règle contraignante des trois Unités, les pièces sont à la fois des poèmes magnifiques, des réflexions sur la Vertu (peu étonnant alors que la tragédie soit ainsi redevenue à la mode dans le Paris postrévolutionnaire), et les Valeurs (fidélité, patriotisme), et des résumés certes un peu apocryphes de l'Histoire antique..... 

Désormais, avant de m'endormir, j'aime à me lire quelques scènes et d'écouter encore une fois la mélodie des phrases et des mots 

Aussi, je ne résiste pas au plaisir de vous citer ces quelques vers, extraits du fameux "Bérénice " et citée dans le film susnommé, même si j'aurais préféré vous les faire entendre : 

 

Eh bien ! régnez, cruel, contentez votre gloire :

Je ne dispute plus. J’attendais, pour vous croire,
Que cette même bouche, après mille serments
D’un amour qui devait unir tous nos moments,
Cette bouche, à mes yeux s’avouant infidèle,
M’ordonnât elle-même une absence éternelle.
Moi-même j’ai voulu vous entendre en ce lieu.
Je n’écoute plus rien, et pour jamais : adieu...
Pour jamais ! Ah, Seigneur ! songez-vous en vous-même
Combien ce mot cruel est affreux quand on aime ?
Dans un mois, dans un an, comment souffrirons-nous,
Seigneur, que tant de mers me séparent de vous ?
Que le jour recommence et que le jour finisse,
Sans que jamais Titus puisse voir Bérénice,
Sans que de tout le jour je puisse voir Titus ?
Mais quelle est mon erreur, et que de soins perdus !
L’ingrat, de mon départ consolé par avance,
Daignera-t-il compter les jours de mon absence ?
Ces jours si longs pour moi lui sembleront trop courts." 

 



 

 

Publié dans choses lues

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