Le coach

Ne l’appelez surtout pas ainsi, il préfère, et de loin, être baptisé « accompagnateur d’organisation », « créateur de bonheur », voire « conseiller en développement personnel ».

 

Son ambition affichée, c’est de vous rendre heureux, efficient, épanoui et ce, à n’importe quel prix (mais pas à moins de 1000 €uros la journée).

 

Bien sur, il a sa propre éthique, une déontologie d’airain, qui le différencie de ses collègues, à la moralité forcément douteuse, aux méthodes assurément sectaires.

 

Il est vrai que, dans le monde merveilleux des coaches, tout paraît pourtant si simple : il n’a pas de clients mais des élèves, qu’il tutoie sans vergogne et appelle par leur prénom, ses résultats sont d’autant plus positifs qu’ils sont immatériels et donc difficilement évaluables.

 

Ne vous hasardez cependant pas à poursuivre plus avant vos investigations,  à connaître les outils et techniques utilisées : il ne vous répondra guère que par un jargon encore plus obscur que celui d’un informaticien. Il est peut-être possible toutefois, que, ça et là, vous puissiez comprendre quelques termes de lexique : résilience, ressources humaines, leadership, identité ; vous vous plairez même à croire que les noms, verbes, compléments utilisés dans le discours parviennent à construire une phrase non dénuée de sens.

 

Si vous êtes de surcroît particulièrement retors, il vous est tout à fait possible de relancer la discussion en alimentant un de ces débats profonds qui alimentent le microcosme : psychanalyse ou sociologie, Freud ou Lacan, sophrologie ou PNL, Arcachon ou Bénodet pour les vacances ….

 

Sachez toutefois que le coach ne manque jamais de travail : rares sont ceux qui, à votre éventuelle demande d’intervention ne feront pas la moue, eu égard à leur planning surbooké : c’est qu’entre faire avaler un plan social à de naïfs syndicalistes (on appelle cela en langage « coach » « optimisation des ressources humaines »), auditer des organisations déficientes ou favoriser la genèse d’un projet de territoire, notre homme ne sait plus guère où donner de la tête.

 

Bien entendu, le temps aidant, la confiance naissant, vous pourrez le joindre à n’importe quelle heure du jour et de la nuit, où qu’il soit, quitte à faire exploser votre budget » portable ».

 

C’est que pour le coach, gérer un agenda, suivre un budget ou conduire une réunion en moins de 3 heures 30, c’est tellement mesquin, c’est tellement éloigné de ce qui fait la grandeur de sa fonction….

 

Un coach est, par nature, absolument éloigné de toute contingence matérielle.

 

Sauf, bien évidemment, pour toucher son chèque de fin de mission …

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