Franche rigolade

Publié le par Fred

J'inaugure  ici une nouvelle rubrique, qui, plutôt que  de lister et d'analyser les nombreux titres  de ma CDthèque (voire de ma  MP3thèque), les regroupe, pour des  rapprochements improbables  et des zeugma  musicaux. 

Je vais ainsi commencer  l'exercice par l'exégése des  oeuvres des plus grands comiques de  toute la musique, deux humoristes  auprès desquels  Jean-Louis  Murat  et Mylène  Farmer  semblent  s'être  aspergés de gaz euphorisant, j'ai nommé  Franz Schubert  et  Gérard  Berliner .

Tout  le monde connaît le premier,  son visage  de premier de la classe à lunettes, ses déboires amoureux, sa pauvreté et sa mort de la syphilis à 30 ans  à peine. 

Schubert  évoque  irrémédiablement  pour moi les ruelles de  Vienne sous la neige, ou le brouillard épais qui imprégne les quartiers de Josefstadt ou du Spittelberg. Placer  Schubert  sur sa platine, suffit  à faire naître une volontaire mélancolie, se complaire dans la solitude, rechercher de manière presque affectée les larmes d'émotion. C'est cependant moins noir que certaines oeuvres de Purcell, par exemple, ou que de la "Marche Funèbre" de Chopin qui, vous en souvenez-vous, illustrait régulièrement les funérailles des dirigeants soviétiques. 

Très mélodique, émouvante, la musique de Schubert se joue au piano, accompagnée d'une tasse de thé et dans une obscurité de fin de journée d'hiver ....

Les oeuvres de Schubert, notamment ses Trio ou ses "Moments musicaux", ont ainsi été souvent utilisés dans des films comme "Trois hommes et un couffin" "Barry Lyndon" , ou "Au revoir les Enfants " de même que la  sonate
"Arppegione ".

Le petit Franz a par ailleurs, écrit quelques lieder magnifiques, dont le "Roi des Aulnes" (mais j'aurais l'occasion d'en reparler), la célèbre Symphonie Inachevée (qui n'est pourtant pas la dernière écrite par Schubert mais qui resta en l'état car il n'en était pas satisfait), des opéras, d'ailleurs totalement oubliés et quelques "Fantaisies " et "Danses", morceaux plus enjoués aux parfums d'auberges de la Forêt Viennoise....

Schubert , c'est donc l'archétype du romantique allemand, du disciple du "Sturm and Drang", entre eaux-fortes sombres, sentiments exaltés et ruines médiévales au fond d'une forêt.

S il vous reste toutefois un peu de joie de vivre à la suite de l'écoute continue des oeuvres de Schubert, les dernières gouttes de gaieté disparaitront d'elles-même à l'écoute du tube improbable de 1984 : "Louise " de Gérard Berliner.

Cette chanson, tout en pathos, n'évoque rien que moins que l'avortement d'une servante dans le Bourbonnais des années 20 (tout un programme), en fustigeant au passage la bien-pensance de la patronne bourgeoise, la compréhension et le sens aigu de l'humanité d'un curé délateur et les ravages de la guerre de 1914.

Je me moque certes, mais comme beaucoup d'autres, j'ai été ému par l'écoute de cette chanson que l'on retrouve d'ailleurs, entre Mika et les Sex Pistols, entre Madeleine Perroux et Jeanne Cherhal, sur mon baladeur Mp3 .

Pour mes amis neurasthéniques, voici les paroles de "Louise"

Mais qui a soulagé sa peine
Porté son bois porté les seaux
Offert une écharpe de laine
Le jour de la foire aux chevaux

Et qui a pris soin de son âme
Et l'a bercée dedans son lit
Qui l'a traitée comme une femme
Au moins une fois dans sa vie

Le bois que portait Louise
C'est le Bon Dieu qui le portait
Le froid dont souffrait Louise
C'est le Bon Dieu qui le souffrait

C'n'était qu'un homme des équipes
Du chantier des chemins de fer
À l'heure laissée aux domestiques
Elle le rejoignait près des barrières

Me voudras-tu moi qui sais coudre
Signer mon nom et puis compter,
L'homme à sa taille sur la route
Passait son bras, la promenait

L'amour qui tenait Louise
C'est le Bon Dieu qui le tenait
Le regard bleu sur Louise
C'est le Bon Dieu qui l'éclairait

Ils sont partis vaille que vaille
Mourir quatre ans dans les tranchées.
Et l'on raconte leurs batailles
Dans le salon après le thé

Les lettres qu'attendait Louise
C'est le Bon Dieu qui les portait
La guerre qui séparait Louise
C'est le Bon Dieu qui la voyait

Un soir d'hiver sous la charpente
Dans son lit cage elle a tué
L'amour tout au fond de son ventre
Par une aiguille à tricoter

Si je vous garde Louise en place
C'est en cuisine pas devant moi
Ma fille prie très fort pour que s'efface
Ce que l'curé m'a appris là

Et la honte que cachait Louise
C'est le Bon Dieu qui l'a cachée
Le soldat qu'attendait Louise
C'est le Bon Dieu qui l'a vu tomber

Y a cinquante ans c'était en France
Dans un village de l'Allier
On n'accordait pas d'importance
A une servante sans fiancé

Le deuil qu'a porté Louise
C'est le Bon Dieu qui l'a porté
La vie qu'a travaillé Louise
C'est le Bon Dieu qui l'a aidée

Publié dans Ma discothèque

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