La saignée
Depuis toujours féru d'histoire, j'ai longtemps préféré l'Histoire de la seconde guerre mondiale à celle du conflit de 1914-1918: peut-être l'idéalisais-je en voyant l'héroisme des Résistants et en oubliant les affres de la Collaboration, car les Jean Moulin, Astier de la Vigerie, et autres Pierre Brossolette avaient certainement plus fière allure que le poilu, sale et boueux de 1914; de plus, il est plus courant de rencontrer des vétérans de 1939-45 que de 1914; enfin, les fameux Concours de la Résistance et de la Déportation auxquels j'ai participé, en classe de troisième, m'ont certainement particulièrement focalisés sur la deuxième guerre mondiale.
L'âge aidant, je m'aperçois d'une part, que la France de 1940 n'était pas ce bataillon de Robins des Bois de ma jeunesse, ni même une division de salauds, mais plutôt un camaieu d'attitudes, entre gris clair et gris fonçé...
De même, je me suis replongé dans les ouvrages évoquant la guerre de 1914 et suis resté stupéfait par le carnage que fut ce conflit dans la population mâle.
Il y a tant de choses à dire, tant de motifs de révolte : la propagande qui envoya au front la jeunesse française , la fleur au fusil; l'incompétence de certains généraux qui se traduisit par des défaites et des massacres, la dichotomie entre une piétaille issue des classes populaires (notamment paysannes) ou de celles qu'on appelerait plus tard moyennes (instituteurs, petits employés, commerçants, artisans) et les officiers, presque tous originaires de la bourgeoisie ou de l'aristocratie (ces derniers ayant parfois plus le sens de l'honneur et du devoir que leurs homologues parvenus), les fraternisations et bien sur les mutineries. Ce dernier épisode est aussi celui qui provoque le plus d'indignations : le refus du Parlement de réhabiliter à titre posthume ceux qu'on appela des traitres, les erreurs judicaires et les jugements hâtifs, les audiences baclées et les simulacres de procès, au son du clairon et de la Chanson de Craonne, ces lettres, aussi, de poilus à leurs familles, incrédules et résignées, révoltées ou émouvantes.....
Puisse longtemps après la mort des derniers survivants de cette tuerie, la République, ses mairies, ses écoles, longtemps encore célébrer leur souvenir et leur sacrifice, à l'ombre des stautes de pierre ornant les places de village
L'âge aidant, je m'aperçois d'une part, que la France de 1940 n'était pas ce bataillon de Robins des Bois de ma jeunesse, ni même une division de salauds, mais plutôt un camaieu d'attitudes, entre gris clair et gris fonçé...
De même, je me suis replongé dans les ouvrages évoquant la guerre de 1914 et suis resté stupéfait par le carnage que fut ce conflit dans la population mâle.
Il y a tant de choses à dire, tant de motifs de révolte : la propagande qui envoya au front la jeunesse française , la fleur au fusil; l'incompétence de certains généraux qui se traduisit par des défaites et des massacres, la dichotomie entre une piétaille issue des classes populaires (notamment paysannes) ou de celles qu'on appelerait plus tard moyennes (instituteurs, petits employés, commerçants, artisans) et les officiers, presque tous originaires de la bourgeoisie ou de l'aristocratie (ces derniers ayant parfois plus le sens de l'honneur et du devoir que leurs homologues parvenus), les fraternisations et bien sur les mutineries. Ce dernier épisode est aussi celui qui provoque le plus d'indignations : le refus du Parlement de réhabiliter à titre posthume ceux qu'on appela des traitres, les erreurs judicaires et les jugements hâtifs, les audiences baclées et les simulacres de procès, au son du clairon et de la Chanson de Craonne, ces lettres, aussi, de poilus à leurs familles, incrédules et résignées, révoltées ou émouvantes.....
Puisse longtemps après la mort des derniers survivants de cette tuerie, la République, ses mairies, ses écoles, longtemps encore célébrer leur souvenir et leur sacrifice, à l'ombre des stautes de pierre ornant les places de village