Le GO

Publié le par Fred

Petit texte qui évoquera certainement des souvenirs aux aficionados  des villages de vacances, campings et autres clubs

 

Il a le tutoiement facile et n’hésite pas à appeler toutes les femmes « ma chérie » ou de les affubler de sympathiques petits surnoms.

 

Il a d’ailleurs beaucoup de succès, il est le vrai que l’été est souvent propice au marivaudage, voire plus si affinités ; et il ne compte plus les nuits passées ailleurs que dans son bungalow, dans l’une ou l’autre des cabanes du camp.

 

Il ne va pas jusqu’à tenir une comptabilité de ses conquêtes, comme un des ses illustres devanciers de fiction mais il n’en est parfois pas loin…

 

Bien entendu, ses collègues et subordonnées ne sont pas toutes enthousiasmées par son « sex appeal » ; il s’en est d’ailleurs fallu de peu qu’il ne soit poursuivi pour harcèlement, sexuel ou moral…

 

Il sait qu’on lui pardonne tout : il a tellement de talent. Il n’a, il est vrai, pas son pareil pour animer, dynamiser, bouger les riverains parfois atones de ce grand village qu’est le club de vacances, assommés qu’ils sont par la chaleur et leurs exploits à la piscine ou sur la plage. C’est le maître des soirées « vacanciers », l’empereur des croupiers, le patron des jeux « apéro ».

 

Si il n’oublie jamais de faire applaudir les autres, le petit peuple du camping : animateurs, jardiniers, serveurs, maître nageurs, chef cuistots (mais pas femmes de ménage ou hommes de peine, il ne faut pas exagérer sa bonté d’âme), il reste toutefois son plus fidèle agent de publicité et de propagande.

 

Il est vrai qu’il se voit comme un héros de la chanson d’Aznavour, celui qui, malgré ses indéniables qualités, se voit barrer la route de la gloire par d’autres, plus chanceux, plus aidées, et qui finit sa vie et sa carrière avortée comme animateur de supermarché.

 

C’est bien son drame.

 

Derrière la fatuité, on perçoit la fêlure, comme si consciemment ou non, il découvrait que, après les paillettes ; une fois les saisons terminées, celle d’été au soleil, celle d’hiver à la neige ; une fois l’âge où un animateur cacochyme n’est plus crédible, il sera confronté au néant de son existence, sans amis, sans enfants, sans amours, mais non sans emmerdes ….

 

Publié dans Essais littéraires

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