Carte orange
Je peux désormais l'avouer, je n'ai pas voté François Bayrou en 2007, effrayé que j'étais de la perspective d'un nouveau 21 avril et préférant donner mes voix à la gauche. C'est seulement après que j'ai adhéré au mouvement, même si je ne suis pas un militant modèle en ayant participé peut-être à une ou deux réunions dans le département (il est vrai toutefois que ni la programmation des réunions sur la seule région grenobloise, d'une part, et les querelles et conflits internes dans la section iséroise, d'autre part ne m'ont guère incité à être plus assidu) .
Je ne referais pas la même erreur en 2012 et voterais donc dès le premier tour pour François Bayrou.
Malgré les railleries, désormais habituelles et tenant plus de la litanie et de la palinodie que de véritables traits d'humour, malgré la condescendance qu'une certaine bien pensance bobo (les Pascale Clarck, les Yann Barthès, les Demorand) accorde au Mouvement démocrate, malgré la personnalité même de Bayrou, à l'ego assez dimensionné ( mais à ce niveau, qui n'en a pas ) et dont l'expérience de Ministre de l'Education nationale ne fut pas la meilleure, à défaut d'être la pire (avec cette réserve toutefois que lui, contrairement aux autres, le reconnait volontiers) .
Je voterais pour lui parce qu'il est profondément européen et décentralisateur, dans la lignée de Tocqueville, ces deux postulats étant également les piliers de mes convictions.
Parce que, proche du terrain mais sans être populiste, il sait ramer à contre courant, dire y compris en meeting ou en "prime time", les choses qui fâchent sur les dépenses publiques, les impératifs de bonne gestion, sans dogmatisme aucun toutefois, sans par exemple cette antienne anti-fonctionnaire vomie par l'UMP et ses sbires.
Souvenons-nous que dés 2007, il avait mis le doigt sur les dangers de la dette et critiqué par avance un mode de fonctionnement fort peu présidentiel ....
Parce que je crois, il n'a jamais été de près et de loin mêlé à une sale affaire de la politique ni à une peoplisation outrancière
Parce que, surtout, il incarne le souhait, pourtant partagé par d'autres membres de ma famille, que les hommes et femmes de bonne volonté, et d'intelligence, mais de sensibilités différentes, apprennent à travailler ensemble, comme c'est déjà le cas dans des centaines de communes rurales qui fonctionnent bien ainsi, loin de toute tracasserie politicienne.
Que l'on ne s'y trompe pas, je ne fais pas de prosélytisme, je dis simplement pourquoi j'ai choisi ce mouvement, pourquoi, au contraire de beaucoup, j'y suis resté fidèle; y compris dans les défaites : la fidélité, le courage de ses opinions sont aussi une valeur des plus estimables en politique et de voir certains anciens de ses fidèles revenir au bercail ou adopter à leur tour une position critique, après avoir été à la soupe, me désole profondément.
Je n'ai pas honte, loin de là, de mes convictions, je les assume et les trouve tout à fait respectables et si je peux me permettre un message personnel, je ne comprends guère pourquoi elles font l'objet de tant de moquerie, de rejet, de dédain. Les Cassandre peuvent rire, leurs sarcasmes ne font rire qu'eux. Et peut-être, comme l'envisagent certains exégètes de la vie publique, que les sourires se mueront en rictus ....