Jeanne la pucelle ?

Publié le par Fred

Mon excursion systématique dans ma discothèque me permet parfois de redécouvrir des trésors perdus, des madeleines oubliées. Il en est ainsi de la bande originale du film "Jeanne et le Garçon formidable " déjà vieux de 12 ans.

Dieu sait pourtant que j'avais aimé ce film, son atmosphère rafraîchissante, ses mélodies diversements enjouées et roboratives (java, biguine, tango), dont certains restent quand même des monuments de drôlerie (je pense à "A crédit"), et  une interprétation au diapason : Mathieu Demy, qui semble génétiquement doué pour la comédie musicale, le chéri de ces dames Frédéric Gorny, la piquante Valérie Bonneton (Mme Cluzet à la Ville et inoubliable Mme Lepic de "Fais pas çi, fais pas ça"), le toujours farfelu Denis Podalydes et la plus dispensable Virginie Ledoyen.

Pourtant,  quand on regarde Mary Poppins, on trouve désormais  cela charmant mais désuet. Eh bien c'est un peu ce que je ressens désormais; c'était la France d'il y a 12 ans, celle où la PS avait encore des idées et les faisait valoir, celle ou M Sarkozy n'était encore qu'un ludion qui finissait sa traversée du désert.

Les paroles des chansons sont de plus; soit inutilement vulgaires ou crues, soit empreintes de bons sentiments du style "les bons sans-papiers se font exploiter par les vilains français"' " le Sida c'est pas bien ", " les homos, c'est tout beau".
Il est vrai qu'à l'époque, l'homosexualité n'était pas aussi tendance, que Bertrand Delanoe et Christophe Girard ne dirigeaient pas encore Paris, que Klaus Wovereit n'était qu'un obscur conseiller municipal berlinois et que Roger Karoutchi n'avait pas encore fait son "coming out"

12 ans après, "Jeanne " m'apparaît, malgré son dynamisme à la Demy, et ses chansons entraînantes, comme un des prémisses de la bien-pensance bobo et parisienne des années 2000, aux indignations simplistes et à l'esprit de corps microcosmique .

Publié dans Choses vues

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