Exilés volontaires

Publié le par Fred

Dimanche 13 avril (eh oui, cela fait deux semaines déjà mais je n'ai pas écrit depuis), "Capital", l'émission qui avait dénoncé la situation des travailleurs sans-papiers (combat relayé depuis par la CGT et certains syndicats patronaux, cherchez l'erreur) chantait, cette fois ci les louanges du capitalisme libéral en consacrant un de ces sujets aux expatriés, ces jeunes français qui, las des tracasseries de notre bureaucratie française et du marasme économique que l'on doit aux socialo-communistes et à leur réforme immonde (ce n'est pas moi qui le dit, c'éait suggéré dans le reportage) se sont exilés qui à Hong Kong, qui à Londres, qui à Vancouver, dans ces nouvelles capitales du libéralisme roi...

Sans même parler de la nauséabonde doctrine sous-jacente, mon expérience, vieille de déjà 10 ans, d'expatrié m'incite à réagir.

Bien sûr, le plaisir de découvrir un nouveau pays, une nouvelle ville, une nouvelle culture, de nouvelles traditions, n'a pas de prix, même si les voyages avec la France de mon enfance a un coût .

Bien sur, le fait de quitter son pays ne peut qu'inciter à l'ouverture d'esprit et à oublier pour de bon ce qu'il y a de mauvais dans le nationalisme et le régionalisme,  cet intégrisme qui nous fait croire que seul son pays est le bon, seul son terroir mérite d'être défendu. Et, si on emporte avec soi un peu de la terre de ses ancêtres à ses souliers en franchissant le Rhin ou la Manche, on emporte avec soi les bons souvenirs en oubliant les mauvais; on a la nostalgie de la beauté d'un canal, fut-il de l'Est, ou de la rondeur de ballons, en oubliant les tristes journées pluvieuses ou les friches industrielles.

Mais la condition d'"expate " n'est pas rose (comme l'expliquent ces exilés volontaires dans un  reportage d'Arteradio
( j'aurais voulu insérer le lien ou encore mieux le fichier mp3, mais j'atteins là mes limites en informatique  et en blogosphère) : car, contrairement à une idée reçues, à l'étranger, on a tendance à rester entre français ou francophones, ou européens, selon que l'on est plus ou moins éloigné de la mère patrie, et si on fréquente des gens de toutes sortes, on croise parfois des collègues qui nous sont étrangers ou opposés : jeunes coopérants du service des entreprises, que l'on croisera plus tard dans les travées du parti au pouvoir, cultureux et jeunes filles en fleurs, moinillons et noblesse d'état.

Et puis, on se déconnecte vite de l'actualité du pays: car à part les quotidiens nationaux d'envergure, on ne capte pas toujours les radios françaises (et encore moins les télévisions), et si, les bruits du monde et de la nation sont à peu près connus, c'est tout le reste : les victoires d'étape au Tour de France cycliste et les faits divers, la vie politique locale et les chansons à succès qui nous restent étrangers, ou connus seulement lors d'une incursion au pays.

Et puis, il y a l'art culinaire : si dans mon exil centroeuropéen, j'ai découvert la "palatsinta" et le "Shinckenflekerl", la "Martini Gänsle" et les escalopes viennoises, la vue (et surtout la dégustation ) de ces petites choses que sont un croissant blond et un peu gras, ou tout simplement une cuillerèe de moutarde à l'estragon, suffisaient à me mettre en transes, forcément napolitaines.....

Je ne renie aucune de ces deux années, passées à l'étranger, mais les exils, sont commes les plaisanteries, les plus courts sont toujours les meilleurs


Publié dans Du ressort de l'intime

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