Les disparus
Je viens de terminer la lecture des "Disparus" de l'américain Daniel Mendelssohn ( sans rapport avec Félix), qui a , paraît-il reçu le prix Médicis 2007, mais très peu médiatisé (peu de références sur google), beaucoup moins en tous cas, que les jérémiades d'enfant gâté de Christophe Donner qui a été privé de son joujou de prix littéraire.
"Les Disparus " racontent la quête de Daniel Mendelssohn et de son frére Matt, juifs américains dont le grand-père a émigré aux Etats-Unis dans les années 30, et qui recherchent des explications sur la mort, puis sur la vie de leur grand-oncle, Schmiel Jäger, juif de la commune polonaise de Bolechow (aujourd'hui ukrainienne) et qui a disparu avec sa femme, ses 4 filles au cours de la seconde Guerre mondiale.
C'est un magnifique livre sur la mémoire familiale ,illustré de nombreuses photos et faisant référence à des carnets, anciennes chansons ou rapports, et surtout aux nombreux témoignages, avec tout ce qu'ils ont de fragile, des anciens voisins ou cousins éloignés de la famille Jäger.
C'est aussi une belle évocation de la vie d'une famille et d'une communauté juive ashkénaze, en plein coeur de la Galicie, et de leurs rapports empreints de fraternité villageoise, d'appartenance à une même communauté (une "Gesellschaft " ) et de jalousie et de méfiance, ces rapports ambigus entre juifs, polonais , ukrainiens et allemands (cette région de l'Europe ayant été successivement autrichienne, polonaise, ukrainienne, nazie, soviétisée, puis ukrainienne désormais...)
C'est bien sûr une description des sévices et horreurs subis par les juifs pendant le génocide; ces vieux rabbins dignes obligés de danser nus sur un piano, ou de forniquer avec de jeunes vierges, les viols, les enfants dont on fracasse la tête sur les trottoirs, mais au delà de ça, c'est également une réflexion sur tous les génocides, qu'ils soient juifs, arméniens, musulmans de Bosnie ou Incas, avec notamment de belles pages sur le fait que l'extermination n'est pas seulement un acte du passé, mais a des conséquences dans le présent, à travers le manque: des familles qui ne verront pas les baptêmes ou les bar-mitzvah de leurs cousins, des idées qui n'apparaîtront pas : qui sait si dans les shetl de Pologne ou les geôles de Sarajevo, un futur Mozart, Einstein ou Picasso n'ont pas été assassinés ?
C'est enfin une remarquable oeuvre littéraire, à l'écriture toutes en volutes et en digressions, l'avers des "Bienveillantes" qui décrivait le nazisme du côté des bourreaux, et par là même son complément indispensable....
"Les Disparus " racontent la quête de Daniel Mendelssohn et de son frére Matt, juifs américains dont le grand-père a émigré aux Etats-Unis dans les années 30, et qui recherchent des explications sur la mort, puis sur la vie de leur grand-oncle, Schmiel Jäger, juif de la commune polonaise de Bolechow (aujourd'hui ukrainienne) et qui a disparu avec sa femme, ses 4 filles au cours de la seconde Guerre mondiale.
C'est un magnifique livre sur la mémoire familiale ,illustré de nombreuses photos et faisant référence à des carnets, anciennes chansons ou rapports, et surtout aux nombreux témoignages, avec tout ce qu'ils ont de fragile, des anciens voisins ou cousins éloignés de la famille Jäger.
C'est aussi une belle évocation de la vie d'une famille et d'une communauté juive ashkénaze, en plein coeur de la Galicie, et de leurs rapports empreints de fraternité villageoise, d'appartenance à une même communauté (une "Gesellschaft " ) et de jalousie et de méfiance, ces rapports ambigus entre juifs, polonais , ukrainiens et allemands (cette région de l'Europe ayant été successivement autrichienne, polonaise, ukrainienne, nazie, soviétisée, puis ukrainienne désormais...)
C'est bien sûr une description des sévices et horreurs subis par les juifs pendant le génocide; ces vieux rabbins dignes obligés de danser nus sur un piano, ou de forniquer avec de jeunes vierges, les viols, les enfants dont on fracasse la tête sur les trottoirs, mais au delà de ça, c'est également une réflexion sur tous les génocides, qu'ils soient juifs, arméniens, musulmans de Bosnie ou Incas, avec notamment de belles pages sur le fait que l'extermination n'est pas seulement un acte du passé, mais a des conséquences dans le présent, à travers le manque: des familles qui ne verront pas les baptêmes ou les bar-mitzvah de leurs cousins, des idées qui n'apparaîtront pas : qui sait si dans les shetl de Pologne ou les geôles de Sarajevo, un futur Mozart, Einstein ou Picasso n'ont pas été assassinés ?
C'est enfin une remarquable oeuvre littéraire, à l'écriture toutes en volutes et en digressions, l'avers des "Bienveillantes" qui décrivait le nazisme du côté des bourreaux, et par là même son complément indispensable....